Se réveiller sous un éclairage de néon devant la tête coupée d’un nain de jardin géant fut une expérience hautement traumatisante de mon existence.
Je détestais les nains de jardin, comment pouvait-on faire confiance à ces petits bonhommes ? Ils sont toujours affublés d’un de ces champignons rouges à pois blancs que tout le monde sait être vénéneux, mais ça n’inquiète personne !
Mon premier réflexe au réveil fut donc de frapper très fort cette tête de nain au faux sourire charmeur et ainsi de me faire très mal. Je poussais un long hurlement de douleur et me précipitais sur les restes d’un barbecue pour frapper le visage malicieux avec et le réduire en poussière.
J’étais à présent parfaitement réveillée. Physiquement. Dans ma tête c’est comme si je me réveillais d’un mauvais rêve et j’étais encore dans le flou qui m’empêchait de réfléchir consciemment à ma situation…
Je fis le tour des rayons pour trouver de quoi faire mon petit déjeuner : des céréales, du lait et du saumon fumé. J’hésitais trente petites secondes à prendre des vêtements car les miens sentaient le rance, mais j’avais peur de ne pas réussir à enlever l’antivol et de faire sonner les panneaux aux sorties des caisses. En plus je savais que je trouverai des fringues bien plus sympas dans des vraies boutiques. Je sortis du supermarché, mon sac à la main, avec la sensation de faire quelque chose d’interdit. Je résistais à la tentation de déposer mes vingt centimes dans la caisse, chose qui aurait pourtant quelque peu apaisé ma conscience…
Au dehors une musique gaie et pleine d’entrain m’accueillit, je me concentrais intensément sur elle car elle masquait à peine le silence de plomb qui régnait derrière. Quelle étrange sensation, ne plus rien entendre, juste un bourdonnement dans ses oreilles. A cet instant précis le silence était presque douloureux. Ces dernières semaines mes oreilles s’étaient habituées à un haut niveau de décibels, le changement paraissait brutal. Je ne l’avais jamais connu un silence pareil, il semblait broyer ma poitrine.
J’appréciais la présence des enceintes qui empêchaient un silence total et m’aidaient à me sentir un peu moins seule au monde. Ma tête commença à hocher de manière ridicule en rythme et même parfois à partir à droite ou à gauche. J’avais l’air d’une parfaite crétine mais puisque personne ne pouvait me voir…
Avec un pas de danse étrange digne des plus grandes comédies musicales de l’histoire, j’atteignais la première porte d’immeuble qui se présentait à moi. Je voulais éviter l’appartement du rez-de-chaussée, je me doutais que ces derniers temps ils avaient du voir du monde défiler et que leur état ne devait pas être très flatteur pour les anciens propriétaires. Le premier étage ferait donc l’affaire.
Je snobais l’ascenseur bien que la perspective de ne pas monter les marches m’attirait. Ce ne serait plus jamais le moment de rester coincé dans une de ces petites cabines exiguë, car si la chose arrivait je craignais d’y pousser mon dernier soupir à attendre de l’aide…
Le fait d’avoir connu la date de la fin du monde à l’avance avait certains avantages, un m’apparaissait maintenant clairement : aucun habitants de la ville n’avait fermé son appartement à clef, quand on n’a plus rien à perdre on n’a plus peur des voleurs.
Un petit salon m’attendait, il y avait de nombreux verres vides sur la table basse et quelques cendriers renversés qui collaient très bien avec l’odeur de transpiration-cigarette-déchets-organiques. Ca n’était pas si différent de ce que j’avais connu dernièrement et ça ferait l’affaire.
Je posais mes courses au milieu de la pièce et entreprit l’exploration des placards. J’y dénichais un bol, une cuillère et un DVD de dessin animé que je voulais justement revoir depuis un moment. Je collais un coussin sur le sol et m’affalais dessus en ayant au préalable lancé la lecture du film sur la télévision. La chose du se faire manuellement car la télécommande avait disparue…
Je manquais de peu de m’étouffer avec une céréale vindicative mais passais dans l’ensemble un moment agréable à contempler l’écran. Je finissais le film en me roulant des tranches de saumon fumé entre les doigts que j’essuyais ensuite gracieusement sur mon pantalon. Je fus fière de constater que la scène avec la sorcière pouvait être regardée sans que je me cache sous ma couette, comme c’était le cas lorsque j’étais enfant. Elle me parut même sympathique à côté de l’apparition bien trop fréquente d’une princesse qui passait sa vie à faire le ménage et qui n’avait reçu comme seul et unique don, que la capacité d’ameuter tous les animaux de la forêt à chaque fois qu’elle chantait… Mon tribunal intérieur eu aussi tôt fait de déclarer les sept nains coupables de quelques crimes odieux car il fallait forcément qu’ils soient des fugitifs pour continuer à ramasser autant de pierres précieuses à longueur de journée et pourtant continuer à vivre dans une maison ridicule au milieu de nulle part. Blanche neige n’était qu’une femme vénale finalement… Une fable moderne comme on les aime…
La nuit sembla tomber rapidement et je décidais de reporter au lendemain les choses à faire plutôt que d’aller me balader dans le froid et l’obscurité. Je m’étais levée il y a peu mais les nuits blanches avaient été assez fréquentes pour que je puisse me rendormir sans trop de difficulté. Le lendemain j’étais décidée à me lever tôt mais en attendant je comptais bien m’abrutir de dessins animés. Cette mission auto-fixée fut accomplie sans le moindre incident fâcheux et mes paupières choisirent de se clore de manière prolongée devant les aventures mouvementées d’un peu plus d’une centaine de chiens, moment approprié car j’avais du mal à les distinguer tous personnellement.
La sonnerie de mon portable retentie peu avant neuf heures. A peine un œil ouvert et la situation comprise, je me jetais sur l’appareil et décrochais en poussant des « allo » désespérés. C’est parce que la musique continuait à se faire entendre dans mon oreille avec la ferme intention de me rendre sourde que je me rendis compte qu’il ne s’agissait que de mon réveil que j’avais oublié d’enlever la veille. Je le coupais, à peine agacée, et me recouchais. Ce n’était pas le tout mais je comptais me lever tôt moi et j’allais avoir besoin de toutes mes heures de sommeil.
Je rouvris un œil vers midi et demi, une demi-heure plus tôt que l’heure que j’avais initialement prévue. J’avais la bouche pâteuse et ma joue couverte de bave était assortie à la moitié gauche de mon oreiller. Ma mâchoire s’écarta dans un bâillement gigantesque. Dans un premier temps je fus surprise par ma propre haleine puis je me rappelais avoir mangé du saumon fumé quelques heures auparavant.
Je pris la décision de me traîner hors du lit jusqu’à la douche. Le jet d’eau chaude qui me coulait sur la tête et quelque peu dans les yeux acheva de me réveiller. Je pris conscience d’être encore habillée et me dénudais à la hâte avant de balancer mes affaires par-dessus la cloison de plexiglas.
J’attendis que l’eau à mes pieds passe du noir grisâtre épais au transparent coulant puis sortis dans une agréable odeur d’amande douce. Je ne pouvais pas remettre mes anciennes affaires, qui ne pouvaient désormais satisfaire que l’appétit d’une poubelle pas trop à cheval sur ce qu’elle contenait. Le chauffage poussé à son maximum aidant je me promenais nue dans l’appartement, cherchant quelque chose à me mettre en attendant de trouver mieux. Dans un placard sentant à plein nez le produit antimites je dénichais une tonne de pantalons de jogging taille quarante quatre et décidais qu’il était temps de changer d’appartement. A l’étage supérieur je n’eu pas tellement plus de chance sur le contenu des armoires mais au moins c’était ma taille…
Je redescendis pour prendre à nouveau un super petit déjeuner, laissant à la poubelle la moitié de mes céréales qui avaient trop ramollies. Ce geste me fit prendre conscience qu’il n’y avait plus d’éboueurs pour ramasser les poubelles et je me promis de ne plus y jeter n’importe quoi. Le reste du saumon fumé y passa quand même, de toute façon je ne comptais pas rester dans cet appartement-ci alors je me moquais bien des odeurs de décomposition qui allaient aromatiser l’atmosphère ! Les arômes de ma propre bouche m’inquiétais d’avantage pour le moment et je me remplis la bouche de dentifrice pour être sur de faire passer l’odeur sans me servir de la brosse à dent des précédents propriétaires, chose qui me répugnait sensiblement.
Je n’étais pas sûre de ce que j’étais sensée faire pour la suite. Fallait-il que je recherche qu’autres survivants comme moi ? La veille ma course dans les rue de la ville avait était parfaitement infructueuse et ce résultat m’avait pas mal déprimée. Je savais aussi que c’était lorsqu’on ne cherchait pas quelque chose qu’on avait le plus de chance de tomber dessus. Je ne voulais pas chercher d’autres gens, je préférais me dire une bonne fois pour toute que j’étais seule, je me persuadais que c’est ainsi que je serai le moins déçue.
Il fallait que je fasse autre chose et le plus urgent pour le moment était de trouver des vêtements corrects. Du shopping ! Je devais aller faire du shopping !
Dehors j’inspirais une grande goulée d’air frais et me mis en route pour le centre ville. Voir les rues désertes était quelque chose auquel j’allais devoir m’habituer, je trouvais ça plutôt intimidant. Toutes ces façades silencieuses semblaient animées d’intensions malveillantes à mon égard. Il faudrait que, dans les jours suivants, je fasse quelque chose pour rendre les bâtiments moins sinistres, j’avais à ce propos une petite idée qui me courrait derrière la tête mais il n’était pas encore temps de la mettre à exécution.
Les rues commerçantes ouvraient toutes leurs boutiques à ma seule consommation. Bien entendu la plus part avaient été saccagées et pillées mais il restait bien assez de produits sur les présentoirs pour me faire plaisir. J’avançais automatiquement vers ces boutiques où j’avais toujours repéré des vêtements superbes mais hors de prix. Cette fois il n’y aurait plus rien pour m’empêcher de porter ce que je désirais.
La semaine avant la soit disant fin du monde les pillages avaient commencé et il était déjà possible alors de porter ce que l’on désirait mais les magasins étaient encore plus noir de monde qu’un premier jour de soldes et les gens s’en lassèrent très vite. Seul le centre commercial demeura un centre de pillage à temps complet.
Jusqu’ici je n’avais pas été très féminine dans ma façon de faire des achats vestimentaires. Alors que les autres filles s’organisaient en bande pour passer des après-midi shopping à essayer des centaines d’habits qu’elles n’achetaient même pas forcément. Je détestais simplement passer la porte d’une boutique affichant pantalons, tee-shirt, chemise et autres, en vitrine. Quelle horreur que ces endroits à la climatisation toujours trop poussée et remplis d’une foule de grognasses en minishort toujours bien mieux foutu que vous ! Vous vous y sentiez toujours épiée par les vendeuses et en réalité c’était bien simple, dès que j’y mettais les pieds je n’avais qu’une envie, c’était d’en sortir. Jamais personne n’avait été plus rapide que moi pour essayer des affaires. Pour me convaincre d’y faire ma tournée annuelle, la seule manière était de me rende compte qu’en faisant tourner une machine par semaine je n’avais plus assez de fringues sympa pour porter quelque chose propre du lundi au dimanche…
La première boutique que je visitais fut en toute logique un magasin de lingerie. Je pris autant de plaisir à essayer un nombre incalculable d’ensembles en paradant sans pudeur devant la glace, qu’à jouer le rôle de ma propre vendeuse et farfouiller dans les tréfonds des réserves. Le fait d’être seule me donnait en plus l’audace de porter des choses bien plus osées que d’ordinaire. Adieu culottes en coton, bonjour dentelles affriolantes ! Le style sexy que j’avais jusqu’ici tenu à l’écart de ma personne, plus par peur que par manque d’intérêt, me sautait au visage et ma foi, c’était jouissif de voir que moi aussi je pouvais me permettre de porter des trucs pareils ! Je dénichais cinq ensembles qui auraient du me coûter la peau des fesses et me décidais sur l’heure à en porter un particulièrement magnifique dans les tons bruns soulignés de motifs en dentelles blanches pas dégueulasses du tout ! Je fus à deux doigts de siffler pour approuver mon reflet dans la glace.
Je n’avais jamais fait d’effort pour m’habiller, par peur du regard des autres, peur que tel style ne me convienne pas, ne soit pas sympa sur moi. J’avais surement raison, je n’étais pas un top modèle. Physiquement si je me regardais objectivement je n’étais pas belle, je n’étais pas laide non plus. Je n’étais ni grande, ni petite, ni grosse, ni maigre. J’étais parfaitement dans la moyenne et au final j’adoptais ce style vestimentaire : du passe partout qui peut aller à n’importe qui. J’avais été drôlement fade au final.
Je renfilais tee-shirt et jogging pour continuer ma tournée des établissements. A l’abri de tout regard j’eu presque envie d’enfiler, juste pour essayer, la presque totalité du stock de chaque magasin. Ce ne fut que de cette manière en réalité que je me rendis compte du style vestimentaire qui m’allait le mieux et que je préférais. Il était bien loin de celui que j’avais l’habitude de porter. Je me sentais en plus l’obligation, car d’une certaine manière je vivais une aventure fantastique digne des meilleurs films hollywoodiens, de me fringuer telle une héroïne. Il va de soit que cela m’aida à mettre en valeur mon postérieur et ma poitrine…
A la fin de la journée, c’est une Romane plutôt sympa, sans me lancer trop de fleurs, qui se retrouvait au milieu de la rue les mains chargées de paquets. J’avais habillé mes pieds avec, à défaut des chaussures à talon avec lesquelles je n’arrivais pas à me déplacer, des chaussures presque plates en cuir vieillies et à bout pointu. C’était étrange mais définitivement ce que j’avais trouvé de plus classe ! Mes jambes étaient moulées dans un jeans taille basse tendance faussement usé, façon « destroy », j’avais pensé que ce serait de bon ton avec l’ambiance des lieux. Je portais en guise de haut un tee shirt blanc plutôt moulant et assez long, sur laquelle étaient cousus des entrelacements de fils plus foncés rappelant les ramures d’un arbre. Au dessus de cette splendide chemise j’avais ajouté une veste cintrée marron en cuir elle aussi et à la coupe particulièrement originale. Bracelet fin, ceinturon de cuir, boucles d’oreille discrètes et pendentif en pierre de jade complétaient à merveille cette admirable tenue.
Je me sentais une autre jeune femme et lorsque je me regardais dans un miroir je ne pouvais que regretter de ne pas avoir osé plus tôt me vêtir de la sorte. J’étais vraiment passé à côté de la manière la plus simple de m’envoyer en l’air bien plus souvent !
Je manquais de peu d’enchaîner avec les instituts de beauté pour m’initier aux secrets d’un maquillage parfait, mais la nuit commençait à tomber et ça aurait été comme s’enfermait volontairement dans le noir dans la cave d’un immeuble. Totalement seule, les ombres et l’obscurité m’aurait rendue complètement paranoïaque.
J’ouvris la porte d’un autre appartement pour m’y installer pour la nuit. Le confort du canapé dans cette partie de la ville était nettement plus appréciable, mais l’odeur de joint imprégnait bien plus nettement le tissu…
Je fermais les yeux devant un mauvais film de samouraï mal doublé et passait une nuit étrange ou Morphée me matraqua de songes plus fous les uns que les autres.
J’ouvris les yeux dès les premiers rayons du soleil, ayant négligé la fermeture des rideaux un peu plus tôt. J’ignorais l’heure car j’avais retiré ma montre avec mes premières affaires et mon portable s’était enfin éteint par manque de batterie. J’en fus très étonnée, j’avais pensé qu’il m’accompagnerait, toujours fonctionnel, considérant que le passage dans le lave-linge hier n’avait pas semblé lui poser de problèmes…
Je me levais de mauvaise grâce, rien ne m’y forçais bien entendu mais justement, le fait que je fasse une grasse matinée une fois de plus n’embêtait personne, ce n’était même plus drôle…
J’aurai aimé piller le frigo mais il était déjà vide, il ne restait que des pâtes dans les étagères de la cuisine, même pas assez pour m’en faire une plâtrée de la même sorte. Je jetais spaghettis et torsades dans la même casserole d’eau bouillante et fut contrainte à avaler un mélange où les unes était trop cuites et les autres pas assez.
Les jours suivants je déambulais à travers la ville comme un fantôme. J’entrais dans les immeubles au hasard, m’y posais pour la journée, la soirée, une heure, j’en ressortais immédiatement, j’y passais quatre jours… Tout dépendait de ce que j’y trouvais. La nourriture était un critère primordial, je me jetais dans un premier temps sur tout ce qui était extrêmement périssable, la viande surtout, les légumes aussi. Je ne savais pas quand j’aurai l’occasion d’en manger à nouveau, souvent quand je trouvais un steak dans un frigidaire, il y avait déjà des traces de dents dedans, je ne m’expliquais pas ce phénomène.
Parfois tout cela avait du bon, j’emménageais toute une semaine dans une maison de la taille d’un palais, pensant que j’allais y rester le reste de ma vie, dormant dans des pyjamas en soie trouvés encore dans leur emballage dans les armoires, allumant un feu dans une cheminée louis XIII, portant les boucles d’oreille en diamant de la maitresse de maison. Au bout d’une semaine pourtant la maison me sembla trop grande pour moi seule, je m’y sentis encore plus mal à l’aise qu’ailleurs, surtout lorsque je me rendis compte qu’il était temps d’y passer l’aspirateur et que le faire sur une telle surface n’étais pas envisageable.
Je vécu dans un cinéma, me nourrissant de pop corn, en regardant des films sur l’écran géant toute la journée jusqu’à ce que j’en devienne presque aveugle, ce qui me décida à changer de lieux pour un bowling dont je me lassais encore plus rapidement.
Dans mes pérégrinations je me musclais particulièrement les épaules et le dos en portant un grand sac de camping où je jetais tout mon nécessaire de survie, de la nourriture, des habits, des piles, des jeux, un canard vibrant, une lampe torche, un kit de premier secours, des tas de choses que je trouvais dans les appartements que je visitais et dans lesquels je me servais sans gêne, et bientôt s’y ajouta aussi une arme.
Un après midi alors que je poussais la porte d’un appartement je tombais nez à nez avec un stock de cocaïne impressionnant. Posé négligemment par paquet d’un kilo au milieu de la table basse du salon, comme s’il avait s’agit d’un paquet de courrier, la découverte me mis en joie. Je n’eu pas envie de l’utiliser, mais je me doutais qu’un jour de déprime cette drogue pouvait m’être utile, j’en pris un paquet dans mon sac et continuait mes fouilles. Tous les placards sans exception contenait une arme à feu et après quelques hésitations et m’être assurée avoir bien enclenché le cran de sureté, j’en passais une dans son étui à ma ceinture et m’emparais d’autant de cartouche que je pouvais en trouver.
On ne peut pas dire qu’il n’y avait rien sur quoi je puisse tirer, rien qui puisse être une menace pour ma survie. Dehors les hommes n’étaient plus, mais leurs animaux en revanche avaient pris possession des rues.
La plus part étaient amicaux, dans les premiers temps certains avaient essayé de me suivre, palliant l’absence de leur maitre, se sentant surement abandonné. Je songeais à en adopter, à les dresser pour m’aider à trouver de la nourriture, jusqu’au jour où j’en vis se battre à mort pour le privilège de ma compagnie. A partir de ce jour là je m’éloignais des bêtes, me rendant compte qu’elles pouvaient aussi être dangereuses et qu’elles étaient sur la voie de redevenir sauvages. Avec l’arme je n’hésitais pas à leur faire peur en tirant un coup en l’air pour les éloigner de moi lorsqu’ils me collaient trop.
Quinze appartements après celui baptisé « des dealers » et pointé sur la carte dont je m’étais munie comme « Réserve de rêve », je tombais dans un étrange domicile d’où parvenait un bruit tonitruant de cavalcade. Il s’agissait en réalité d’un film de cow-boys qui passait en boucle sur un écran blanc à l’aide d’un projecteur. J’éteignis la machine qui aurait finit à coup sûr par provoquer un incendie. L’étrangeté du lieu ne se trouvait pas dans les mauvais goûts cinématographiques de celui qui avait passé la fin de sa vie ici, mais dans le nombre incalculable de télécommandes de magnétoscope que son esprit dérangé avait amassées et empilées dans tous les recoins !
En dessous de cette couche de matériel électronique je devinais un endroit qui aurait pu être parfaitement agréable et me convenir mais il aurait fallu passer outre le passé de réserve à zapettes du secteur et cela me semblait totalement en dehors de mes capacités… Par contre je tombais sur du beurre de cacahuète importé d’Angleterre dans un placard et l’ajoutais à mon précieux et déjà important chargement de mon sac.
Depuis le premier foyer examiné, j’avais une tendance kleptomane qui voyait le jour. Il est bien connu que les gens ont toujours un truc génial que vous ne possédez pas et que vous convoitez par la suite dans une version « encore plus mieux » que celle du voisin. Je n’avais plus de voisin et me suffisais donc du vol de la dite babiole. Ainsi en plus de l’arme, des munitions et du beurre de cacahuète je m’étais alourdie du poids de deux parfums, d’un vinyle que je ne pouvais même pas lire, d’une petite sculpture d’homme dénudé, d’un nouveau téléphone portable, d’un fer à friser et d’un jeu chinois avec des pions louches dont je n’avais pas encore comprit la règle.
C’est au cours de ma vie de nomade que je tombais sur un charmant jardin. Charmant est un terme très exagéré en réalité pour nommer cette demie-décharge couverte de bouteilles vides et cassées, de seringues, de chips molles ou écrasées, de mousse à raser, de vêtements en tout genre, de sacs en plastique, de mobilier brisé et d’un furet complètement paniqué qui courrait au milieu de tout ce cirque… Mais l’endroit me plut instantanément.
Le pauvre animal était resté prisonnier du lieu qui était totalement clos une fois la porte qui donnait sur le hall d’entrée de l’immeuble fermée. Lorsqu’il m’aperçut, il fonça sur moi. J’étais persuadée que tenant toujours le battant de la main il allait se faufiler entre mes jambes dans une sortie plutôt héroïque pour une race de truc à poil, mais il n’en fut rien. Il fonça droit sur moi et ne s’arrêta pas. Peut-être qu’il loupa l’écart entre mes pieds, toujours est-il qu’il fonça net sur ma chaussure. De rage je m’apprêtais à lui coller un coup de pied dont il ne se serait sûrement pas relevé, mais il s’avéra que la bestiole s’était déjà assommée toute seule. Je fronçais les sourcils, perplexe devant tant de maladresse. Pensant qu’une telle bêtise méritait un peu d’attention je sentis poindre un peu de tendresse pour la petite créature. Je la tâtais du bout de ma chaussure pour m’assurer qu’elle ne bougeait plus mais celle-ci resta inerte.
Je me sentis responsable et pris le furet dans mes mains tandis que je montais les étages supérieurs pour me trouver un coin où me poser pour la nuit.
L’escalier qui y menait ne tenait pas tout à fait droit, c’était comme s’il m’entraînait à chaque marche pour que je fonce dans le mur. La tapisserie qui recouvrait les murs était d’un goût douteux, un mélange de carrés orange et de ronds roses qui provoquaient un début de migraine dès qu’on les fixait trop longtemps.
Au premier étage, l’appartement était vraiment immonde, mais mes goûts en matière d’hygiène avaient quelque peu changé ces derniers temps, si je ne parvins pas à me décider à m’allonger dans le li ou le canapé du salon, je ne pris pas la peine non plus de monter un autre étage pour trouver mieux et finir par m’endormir dans la baignoire, le furet encore assommé posé sur mon ventre.
Je me réveillais avec un bip caractéristique de réveil dans les oreilles, puis je sentis une sensation désagréable de mouillé. Pendant une seconde je pensais m’être urinée dessus sans comprendre comment cela pouvait être possible, mais les yeux bien ouvert je vis que je reposais dans une bonne quarantaine de centimètres d’eau qui s’écoulait lentement en un mince filet du robinet d’eau chaude et que je bouchais l’évacuation avec le talon de mon pied. Le moment d’étonnement passé, c’est en sentant un poids inhabituel sur ma tête que je me souvins du furet et compris qu’il était responsable de la situation. En attendant il se tenait en équilibre dans mes cheveux en poussant des petits cris paniqués pour une raison que j’ignorais, peut être par peur de l’eau ou peut être de celle de la hauteur…
J’eu toute les peines du monde à le séparer de ma chevelure dans laquelle il s’était largement emmêlé, une fois posé au sol il couru directement dans le pied d’une étagère et s’assomma à nouveau.
C’est lorsque je m’entendis rire, là, allongée toute habillée dans l’eau de la baignoire, que je su que j’allais adopter la petite créature malgré ma décision de ne pas être un substitut de la SPA. Qu’elle n’allait me servir à rien d’utile, qu’il n’était pas question de réussir à lui apprendre quoi que ce soit, mais je l’allais quand même m’y attacher.
Ainsi Gitz, du nom d’un paquet de gâteaux hollandais qu’il affectionnait particulièrement, me suivait comme un toutou fidèle dans toutes mes excursions. Il restait avec moi, blotti et à moitié somnolent dans un sac que je portais en bandouillère. Si au départ il avait tenté d’en sortir il s’était bien vite rendu compte qu’un grand nombre de chiens occupaient les rues et qu’il valait mieux rester caché. Un aboiement suffit pour qu’il ne sorte plus la tête du sac en dehors de la protection des murs des bâtisses.
Mon sac à dos devenait de plus en plus lourd, si bien qu’à la fin de la journée, le simple fait d’avoir marché un peu avec me mettait dans un état de fatigue incroyable. Je pensais évidemment à un autre moyen de locomotion.
La voiture était exclue, non seulement je ne savais pas conduire et même si je ne doutais pas de pouvoir apprendre sur le tas, surtout que je pouvais envoyer pas mal d’automobiles dans un poteau sans me sentir coupable, leur grand nombre, abandonnées et offertes au milieu de la ville me faisant cadeau d’un grand choix, il fallait bien se rendre compte que les rue étaient impraticables.
Il y avait des déchets partout, les gens avaient balancé plein de choses depuis leurs fenêtres, des voitures barraient les passages cloutées, il n’y avait jamais la largeur suffisante pour faire passer une voiture et faire plus de dix mètres.
Il fallait donc que je trouve un deux roues, et même si la moto était tout indiquée pour l’héroïne que je voulais être, le scooter s’avéra plus facile à conduire. Après avoir trouvé un engin laissé à l’abandon avec ses clefs sur le compteur, je bricolais à l’aide d’un caddie de grande surface, une petite remorque attachée à l’arrière. J’y mis plusieurs barils d’essence et mon sac et je pus enfin parcourir la ville un peu plus rapidement.
Le caddie avait un avantage certain, il fait déjà énormément de bruit lorsqu’il est poussé dans les allées carrelées d’un hypermarché, lancé à quarante kilomètres heure il fait un ramdam de tous les diables et il terrifiait les chiens qui décampaient lorsque j’arrivais. Cela me laissait le temps de prendre mon sac et de m’engouffrer dans l’entrée d’un immeuble sans rencontrer le moindre problème.
Puis un soir, alors que je serrais dans mes bras une peluche qui avait appartenu à quelqu’un d’autre et que je tentais de m’endormir sans réussir à trouver le sommeil, je me sentis soudainement vraiment seule.
Alors violement remplie d’un énorme vide, je posais mes fesses sur le lit. Ces derniers temps j’avais toujours eu quelque chose à faire, rien de bien transcendant, souvent des futilités mais cette fois aucune occupation ne me vint à l’esprit pour le lendemain. Il y avait bien entendu de très nombreuses choses à faire, je pouvais aller jouer un peu au billard ou au bowling, chercher pour voir s’il y avait une connexion internet dans l’immeuble, aller chercher des livres, des dvd, une console de jeux, rendre les rues moins tristes, continuer à fouiller les maisons pour trouver les secrets sordides des gens qui y vivaient… Mais j’avais fait le tour de beaucoup de chose déjà et une question me frappa de plein fouet : Et après ?
Assise dans mon lit, en pleine insomnie avec un rab de temps à tuer plutôt qu’à dormir, j’ignorais un peu quoi faire. Je ne pus m’en empêcher et me mis à réfléchir. Penser s’avéra vraiment désagréable.
Je détestais les nains de jardin, comment pouvait-on faire confiance à ces petits bonhommes ? Ils sont toujours affublés d’un de ces champignons rouges à pois blancs que tout le monde sait être vénéneux, mais ça n’inquiète personne !
Mon premier réflexe au réveil fut donc de frapper très fort cette tête de nain au faux sourire charmeur et ainsi de me faire très mal. Je poussais un long hurlement de douleur et me précipitais sur les restes d’un barbecue pour frapper le visage malicieux avec et le réduire en poussière.
J’étais à présent parfaitement réveillée. Physiquement. Dans ma tête c’est comme si je me réveillais d’un mauvais rêve et j’étais encore dans le flou qui m’empêchait de réfléchir consciemment à ma situation…
Je fis le tour des rayons pour trouver de quoi faire mon petit déjeuner : des céréales, du lait et du saumon fumé. J’hésitais trente petites secondes à prendre des vêtements car les miens sentaient le rance, mais j’avais peur de ne pas réussir à enlever l’antivol et de faire sonner les panneaux aux sorties des caisses. En plus je savais que je trouverai des fringues bien plus sympas dans des vraies boutiques. Je sortis du supermarché, mon sac à la main, avec la sensation de faire quelque chose d’interdit. Je résistais à la tentation de déposer mes vingt centimes dans la caisse, chose qui aurait pourtant quelque peu apaisé ma conscience…
Au dehors une musique gaie et pleine d’entrain m’accueillit, je me concentrais intensément sur elle car elle masquait à peine le silence de plomb qui régnait derrière. Quelle étrange sensation, ne plus rien entendre, juste un bourdonnement dans ses oreilles. A cet instant précis le silence était presque douloureux. Ces dernières semaines mes oreilles s’étaient habituées à un haut niveau de décibels, le changement paraissait brutal. Je ne l’avais jamais connu un silence pareil, il semblait broyer ma poitrine.
J’appréciais la présence des enceintes qui empêchaient un silence total et m’aidaient à me sentir un peu moins seule au monde. Ma tête commença à hocher de manière ridicule en rythme et même parfois à partir à droite ou à gauche. J’avais l’air d’une parfaite crétine mais puisque personne ne pouvait me voir…
Avec un pas de danse étrange digne des plus grandes comédies musicales de l’histoire, j’atteignais la première porte d’immeuble qui se présentait à moi. Je voulais éviter l’appartement du rez-de-chaussée, je me doutais que ces derniers temps ils avaient du voir du monde défiler et que leur état ne devait pas être très flatteur pour les anciens propriétaires. Le premier étage ferait donc l’affaire.
Je snobais l’ascenseur bien que la perspective de ne pas monter les marches m’attirait. Ce ne serait plus jamais le moment de rester coincé dans une de ces petites cabines exiguë, car si la chose arrivait je craignais d’y pousser mon dernier soupir à attendre de l’aide…
Le fait d’avoir connu la date de la fin du monde à l’avance avait certains avantages, un m’apparaissait maintenant clairement : aucun habitants de la ville n’avait fermé son appartement à clef, quand on n’a plus rien à perdre on n’a plus peur des voleurs.
Un petit salon m’attendait, il y avait de nombreux verres vides sur la table basse et quelques cendriers renversés qui collaient très bien avec l’odeur de transpiration-cigarette-déchets-organiques. Ca n’était pas si différent de ce que j’avais connu dernièrement et ça ferait l’affaire.
Je posais mes courses au milieu de la pièce et entreprit l’exploration des placards. J’y dénichais un bol, une cuillère et un DVD de dessin animé que je voulais justement revoir depuis un moment. Je collais un coussin sur le sol et m’affalais dessus en ayant au préalable lancé la lecture du film sur la télévision. La chose du se faire manuellement car la télécommande avait disparue…
Je manquais de peu de m’étouffer avec une céréale vindicative mais passais dans l’ensemble un moment agréable à contempler l’écran. Je finissais le film en me roulant des tranches de saumon fumé entre les doigts que j’essuyais ensuite gracieusement sur mon pantalon. Je fus fière de constater que la scène avec la sorcière pouvait être regardée sans que je me cache sous ma couette, comme c’était le cas lorsque j’étais enfant. Elle me parut même sympathique à côté de l’apparition bien trop fréquente d’une princesse qui passait sa vie à faire le ménage et qui n’avait reçu comme seul et unique don, que la capacité d’ameuter tous les animaux de la forêt à chaque fois qu’elle chantait… Mon tribunal intérieur eu aussi tôt fait de déclarer les sept nains coupables de quelques crimes odieux car il fallait forcément qu’ils soient des fugitifs pour continuer à ramasser autant de pierres précieuses à longueur de journée et pourtant continuer à vivre dans une maison ridicule au milieu de nulle part. Blanche neige n’était qu’une femme vénale finalement… Une fable moderne comme on les aime…
La nuit sembla tomber rapidement et je décidais de reporter au lendemain les choses à faire plutôt que d’aller me balader dans le froid et l’obscurité. Je m’étais levée il y a peu mais les nuits blanches avaient été assez fréquentes pour que je puisse me rendormir sans trop de difficulté. Le lendemain j’étais décidée à me lever tôt mais en attendant je comptais bien m’abrutir de dessins animés. Cette mission auto-fixée fut accomplie sans le moindre incident fâcheux et mes paupières choisirent de se clore de manière prolongée devant les aventures mouvementées d’un peu plus d’une centaine de chiens, moment approprié car j’avais du mal à les distinguer tous personnellement.
La sonnerie de mon portable retentie peu avant neuf heures. A peine un œil ouvert et la situation comprise, je me jetais sur l’appareil et décrochais en poussant des « allo » désespérés. C’est parce que la musique continuait à se faire entendre dans mon oreille avec la ferme intention de me rendre sourde que je me rendis compte qu’il ne s’agissait que de mon réveil que j’avais oublié d’enlever la veille. Je le coupais, à peine agacée, et me recouchais. Ce n’était pas le tout mais je comptais me lever tôt moi et j’allais avoir besoin de toutes mes heures de sommeil.
Je rouvris un œil vers midi et demi, une demi-heure plus tôt que l’heure que j’avais initialement prévue. J’avais la bouche pâteuse et ma joue couverte de bave était assortie à la moitié gauche de mon oreiller. Ma mâchoire s’écarta dans un bâillement gigantesque. Dans un premier temps je fus surprise par ma propre haleine puis je me rappelais avoir mangé du saumon fumé quelques heures auparavant.
Je pris la décision de me traîner hors du lit jusqu’à la douche. Le jet d’eau chaude qui me coulait sur la tête et quelque peu dans les yeux acheva de me réveiller. Je pris conscience d’être encore habillée et me dénudais à la hâte avant de balancer mes affaires par-dessus la cloison de plexiglas.
J’attendis que l’eau à mes pieds passe du noir grisâtre épais au transparent coulant puis sortis dans une agréable odeur d’amande douce. Je ne pouvais pas remettre mes anciennes affaires, qui ne pouvaient désormais satisfaire que l’appétit d’une poubelle pas trop à cheval sur ce qu’elle contenait. Le chauffage poussé à son maximum aidant je me promenais nue dans l’appartement, cherchant quelque chose à me mettre en attendant de trouver mieux. Dans un placard sentant à plein nez le produit antimites je dénichais une tonne de pantalons de jogging taille quarante quatre et décidais qu’il était temps de changer d’appartement. A l’étage supérieur je n’eu pas tellement plus de chance sur le contenu des armoires mais au moins c’était ma taille…
Je redescendis pour prendre à nouveau un super petit déjeuner, laissant à la poubelle la moitié de mes céréales qui avaient trop ramollies. Ce geste me fit prendre conscience qu’il n’y avait plus d’éboueurs pour ramasser les poubelles et je me promis de ne plus y jeter n’importe quoi. Le reste du saumon fumé y passa quand même, de toute façon je ne comptais pas rester dans cet appartement-ci alors je me moquais bien des odeurs de décomposition qui allaient aromatiser l’atmosphère ! Les arômes de ma propre bouche m’inquiétais d’avantage pour le moment et je me remplis la bouche de dentifrice pour être sur de faire passer l’odeur sans me servir de la brosse à dent des précédents propriétaires, chose qui me répugnait sensiblement.
Je n’étais pas sûre de ce que j’étais sensée faire pour la suite. Fallait-il que je recherche qu’autres survivants comme moi ? La veille ma course dans les rue de la ville avait était parfaitement infructueuse et ce résultat m’avait pas mal déprimée. Je savais aussi que c’était lorsqu’on ne cherchait pas quelque chose qu’on avait le plus de chance de tomber dessus. Je ne voulais pas chercher d’autres gens, je préférais me dire une bonne fois pour toute que j’étais seule, je me persuadais que c’est ainsi que je serai le moins déçue.
Il fallait que je fasse autre chose et le plus urgent pour le moment était de trouver des vêtements corrects. Du shopping ! Je devais aller faire du shopping !
Dehors j’inspirais une grande goulée d’air frais et me mis en route pour le centre ville. Voir les rues désertes était quelque chose auquel j’allais devoir m’habituer, je trouvais ça plutôt intimidant. Toutes ces façades silencieuses semblaient animées d’intensions malveillantes à mon égard. Il faudrait que, dans les jours suivants, je fasse quelque chose pour rendre les bâtiments moins sinistres, j’avais à ce propos une petite idée qui me courrait derrière la tête mais il n’était pas encore temps de la mettre à exécution.
Les rues commerçantes ouvraient toutes leurs boutiques à ma seule consommation. Bien entendu la plus part avaient été saccagées et pillées mais il restait bien assez de produits sur les présentoirs pour me faire plaisir. J’avançais automatiquement vers ces boutiques où j’avais toujours repéré des vêtements superbes mais hors de prix. Cette fois il n’y aurait plus rien pour m’empêcher de porter ce que je désirais.
La semaine avant la soit disant fin du monde les pillages avaient commencé et il était déjà possible alors de porter ce que l’on désirait mais les magasins étaient encore plus noir de monde qu’un premier jour de soldes et les gens s’en lassèrent très vite. Seul le centre commercial demeura un centre de pillage à temps complet.
Jusqu’ici je n’avais pas été très féminine dans ma façon de faire des achats vestimentaires. Alors que les autres filles s’organisaient en bande pour passer des après-midi shopping à essayer des centaines d’habits qu’elles n’achetaient même pas forcément. Je détestais simplement passer la porte d’une boutique affichant pantalons, tee-shirt, chemise et autres, en vitrine. Quelle horreur que ces endroits à la climatisation toujours trop poussée et remplis d’une foule de grognasses en minishort toujours bien mieux foutu que vous ! Vous vous y sentiez toujours épiée par les vendeuses et en réalité c’était bien simple, dès que j’y mettais les pieds je n’avais qu’une envie, c’était d’en sortir. Jamais personne n’avait été plus rapide que moi pour essayer des affaires. Pour me convaincre d’y faire ma tournée annuelle, la seule manière était de me rende compte qu’en faisant tourner une machine par semaine je n’avais plus assez de fringues sympa pour porter quelque chose propre du lundi au dimanche…
La première boutique que je visitais fut en toute logique un magasin de lingerie. Je pris autant de plaisir à essayer un nombre incalculable d’ensembles en paradant sans pudeur devant la glace, qu’à jouer le rôle de ma propre vendeuse et farfouiller dans les tréfonds des réserves. Le fait d’être seule me donnait en plus l’audace de porter des choses bien plus osées que d’ordinaire. Adieu culottes en coton, bonjour dentelles affriolantes ! Le style sexy que j’avais jusqu’ici tenu à l’écart de ma personne, plus par peur que par manque d’intérêt, me sautait au visage et ma foi, c’était jouissif de voir que moi aussi je pouvais me permettre de porter des trucs pareils ! Je dénichais cinq ensembles qui auraient du me coûter la peau des fesses et me décidais sur l’heure à en porter un particulièrement magnifique dans les tons bruns soulignés de motifs en dentelles blanches pas dégueulasses du tout ! Je fus à deux doigts de siffler pour approuver mon reflet dans la glace.
Je n’avais jamais fait d’effort pour m’habiller, par peur du regard des autres, peur que tel style ne me convienne pas, ne soit pas sympa sur moi. J’avais surement raison, je n’étais pas un top modèle. Physiquement si je me regardais objectivement je n’étais pas belle, je n’étais pas laide non plus. Je n’étais ni grande, ni petite, ni grosse, ni maigre. J’étais parfaitement dans la moyenne et au final j’adoptais ce style vestimentaire : du passe partout qui peut aller à n’importe qui. J’avais été drôlement fade au final.
Je renfilais tee-shirt et jogging pour continuer ma tournée des établissements. A l’abri de tout regard j’eu presque envie d’enfiler, juste pour essayer, la presque totalité du stock de chaque magasin. Ce ne fut que de cette manière en réalité que je me rendis compte du style vestimentaire qui m’allait le mieux et que je préférais. Il était bien loin de celui que j’avais l’habitude de porter. Je me sentais en plus l’obligation, car d’une certaine manière je vivais une aventure fantastique digne des meilleurs films hollywoodiens, de me fringuer telle une héroïne. Il va de soit que cela m’aida à mettre en valeur mon postérieur et ma poitrine…
A la fin de la journée, c’est une Romane plutôt sympa, sans me lancer trop de fleurs, qui se retrouvait au milieu de la rue les mains chargées de paquets. J’avais habillé mes pieds avec, à défaut des chaussures à talon avec lesquelles je n’arrivais pas à me déplacer, des chaussures presque plates en cuir vieillies et à bout pointu. C’était étrange mais définitivement ce que j’avais trouvé de plus classe ! Mes jambes étaient moulées dans un jeans taille basse tendance faussement usé, façon « destroy », j’avais pensé que ce serait de bon ton avec l’ambiance des lieux. Je portais en guise de haut un tee shirt blanc plutôt moulant et assez long, sur laquelle étaient cousus des entrelacements de fils plus foncés rappelant les ramures d’un arbre. Au dessus de cette splendide chemise j’avais ajouté une veste cintrée marron en cuir elle aussi et à la coupe particulièrement originale. Bracelet fin, ceinturon de cuir, boucles d’oreille discrètes et pendentif en pierre de jade complétaient à merveille cette admirable tenue.
Je me sentais une autre jeune femme et lorsque je me regardais dans un miroir je ne pouvais que regretter de ne pas avoir osé plus tôt me vêtir de la sorte. J’étais vraiment passé à côté de la manière la plus simple de m’envoyer en l’air bien plus souvent !
Je manquais de peu d’enchaîner avec les instituts de beauté pour m’initier aux secrets d’un maquillage parfait, mais la nuit commençait à tomber et ça aurait été comme s’enfermait volontairement dans le noir dans la cave d’un immeuble. Totalement seule, les ombres et l’obscurité m’aurait rendue complètement paranoïaque.
J’ouvris la porte d’un autre appartement pour m’y installer pour la nuit. Le confort du canapé dans cette partie de la ville était nettement plus appréciable, mais l’odeur de joint imprégnait bien plus nettement le tissu…
Je fermais les yeux devant un mauvais film de samouraï mal doublé et passait une nuit étrange ou Morphée me matraqua de songes plus fous les uns que les autres.
J’ouvris les yeux dès les premiers rayons du soleil, ayant négligé la fermeture des rideaux un peu plus tôt. J’ignorais l’heure car j’avais retiré ma montre avec mes premières affaires et mon portable s’était enfin éteint par manque de batterie. J’en fus très étonnée, j’avais pensé qu’il m’accompagnerait, toujours fonctionnel, considérant que le passage dans le lave-linge hier n’avait pas semblé lui poser de problèmes…
Je me levais de mauvaise grâce, rien ne m’y forçais bien entendu mais justement, le fait que je fasse une grasse matinée une fois de plus n’embêtait personne, ce n’était même plus drôle…
J’aurai aimé piller le frigo mais il était déjà vide, il ne restait que des pâtes dans les étagères de la cuisine, même pas assez pour m’en faire une plâtrée de la même sorte. Je jetais spaghettis et torsades dans la même casserole d’eau bouillante et fut contrainte à avaler un mélange où les unes était trop cuites et les autres pas assez.
Les jours suivants je déambulais à travers la ville comme un fantôme. J’entrais dans les immeubles au hasard, m’y posais pour la journée, la soirée, une heure, j’en ressortais immédiatement, j’y passais quatre jours… Tout dépendait de ce que j’y trouvais. La nourriture était un critère primordial, je me jetais dans un premier temps sur tout ce qui était extrêmement périssable, la viande surtout, les légumes aussi. Je ne savais pas quand j’aurai l’occasion d’en manger à nouveau, souvent quand je trouvais un steak dans un frigidaire, il y avait déjà des traces de dents dedans, je ne m’expliquais pas ce phénomène.
Parfois tout cela avait du bon, j’emménageais toute une semaine dans une maison de la taille d’un palais, pensant que j’allais y rester le reste de ma vie, dormant dans des pyjamas en soie trouvés encore dans leur emballage dans les armoires, allumant un feu dans une cheminée louis XIII, portant les boucles d’oreille en diamant de la maitresse de maison. Au bout d’une semaine pourtant la maison me sembla trop grande pour moi seule, je m’y sentis encore plus mal à l’aise qu’ailleurs, surtout lorsque je me rendis compte qu’il était temps d’y passer l’aspirateur et que le faire sur une telle surface n’étais pas envisageable.
Je vécu dans un cinéma, me nourrissant de pop corn, en regardant des films sur l’écran géant toute la journée jusqu’à ce que j’en devienne presque aveugle, ce qui me décida à changer de lieux pour un bowling dont je me lassais encore plus rapidement.
Dans mes pérégrinations je me musclais particulièrement les épaules et le dos en portant un grand sac de camping où je jetais tout mon nécessaire de survie, de la nourriture, des habits, des piles, des jeux, un canard vibrant, une lampe torche, un kit de premier secours, des tas de choses que je trouvais dans les appartements que je visitais et dans lesquels je me servais sans gêne, et bientôt s’y ajouta aussi une arme.
Un après midi alors que je poussais la porte d’un appartement je tombais nez à nez avec un stock de cocaïne impressionnant. Posé négligemment par paquet d’un kilo au milieu de la table basse du salon, comme s’il avait s’agit d’un paquet de courrier, la découverte me mis en joie. Je n’eu pas envie de l’utiliser, mais je me doutais qu’un jour de déprime cette drogue pouvait m’être utile, j’en pris un paquet dans mon sac et continuait mes fouilles. Tous les placards sans exception contenait une arme à feu et après quelques hésitations et m’être assurée avoir bien enclenché le cran de sureté, j’en passais une dans son étui à ma ceinture et m’emparais d’autant de cartouche que je pouvais en trouver.
On ne peut pas dire qu’il n’y avait rien sur quoi je puisse tirer, rien qui puisse être une menace pour ma survie. Dehors les hommes n’étaient plus, mais leurs animaux en revanche avaient pris possession des rues.
La plus part étaient amicaux, dans les premiers temps certains avaient essayé de me suivre, palliant l’absence de leur maitre, se sentant surement abandonné. Je songeais à en adopter, à les dresser pour m’aider à trouver de la nourriture, jusqu’au jour où j’en vis se battre à mort pour le privilège de ma compagnie. A partir de ce jour là je m’éloignais des bêtes, me rendant compte qu’elles pouvaient aussi être dangereuses et qu’elles étaient sur la voie de redevenir sauvages. Avec l’arme je n’hésitais pas à leur faire peur en tirant un coup en l’air pour les éloigner de moi lorsqu’ils me collaient trop.
Quinze appartements après celui baptisé « des dealers » et pointé sur la carte dont je m’étais munie comme « Réserve de rêve », je tombais dans un étrange domicile d’où parvenait un bruit tonitruant de cavalcade. Il s’agissait en réalité d’un film de cow-boys qui passait en boucle sur un écran blanc à l’aide d’un projecteur. J’éteignis la machine qui aurait finit à coup sûr par provoquer un incendie. L’étrangeté du lieu ne se trouvait pas dans les mauvais goûts cinématographiques de celui qui avait passé la fin de sa vie ici, mais dans le nombre incalculable de télécommandes de magnétoscope que son esprit dérangé avait amassées et empilées dans tous les recoins !
En dessous de cette couche de matériel électronique je devinais un endroit qui aurait pu être parfaitement agréable et me convenir mais il aurait fallu passer outre le passé de réserve à zapettes du secteur et cela me semblait totalement en dehors de mes capacités… Par contre je tombais sur du beurre de cacahuète importé d’Angleterre dans un placard et l’ajoutais à mon précieux et déjà important chargement de mon sac.
Depuis le premier foyer examiné, j’avais une tendance kleptomane qui voyait le jour. Il est bien connu que les gens ont toujours un truc génial que vous ne possédez pas et que vous convoitez par la suite dans une version « encore plus mieux » que celle du voisin. Je n’avais plus de voisin et me suffisais donc du vol de la dite babiole. Ainsi en plus de l’arme, des munitions et du beurre de cacahuète je m’étais alourdie du poids de deux parfums, d’un vinyle que je ne pouvais même pas lire, d’une petite sculpture d’homme dénudé, d’un nouveau téléphone portable, d’un fer à friser et d’un jeu chinois avec des pions louches dont je n’avais pas encore comprit la règle.
C’est au cours de ma vie de nomade que je tombais sur un charmant jardin. Charmant est un terme très exagéré en réalité pour nommer cette demie-décharge couverte de bouteilles vides et cassées, de seringues, de chips molles ou écrasées, de mousse à raser, de vêtements en tout genre, de sacs en plastique, de mobilier brisé et d’un furet complètement paniqué qui courrait au milieu de tout ce cirque… Mais l’endroit me plut instantanément.
Le pauvre animal était resté prisonnier du lieu qui était totalement clos une fois la porte qui donnait sur le hall d’entrée de l’immeuble fermée. Lorsqu’il m’aperçut, il fonça sur moi. J’étais persuadée que tenant toujours le battant de la main il allait se faufiler entre mes jambes dans une sortie plutôt héroïque pour une race de truc à poil, mais il n’en fut rien. Il fonça droit sur moi et ne s’arrêta pas. Peut-être qu’il loupa l’écart entre mes pieds, toujours est-il qu’il fonça net sur ma chaussure. De rage je m’apprêtais à lui coller un coup de pied dont il ne se serait sûrement pas relevé, mais il s’avéra que la bestiole s’était déjà assommée toute seule. Je fronçais les sourcils, perplexe devant tant de maladresse. Pensant qu’une telle bêtise méritait un peu d’attention je sentis poindre un peu de tendresse pour la petite créature. Je la tâtais du bout de ma chaussure pour m’assurer qu’elle ne bougeait plus mais celle-ci resta inerte.
Je me sentis responsable et pris le furet dans mes mains tandis que je montais les étages supérieurs pour me trouver un coin où me poser pour la nuit.
L’escalier qui y menait ne tenait pas tout à fait droit, c’était comme s’il m’entraînait à chaque marche pour que je fonce dans le mur. La tapisserie qui recouvrait les murs était d’un goût douteux, un mélange de carrés orange et de ronds roses qui provoquaient un début de migraine dès qu’on les fixait trop longtemps.
Au premier étage, l’appartement était vraiment immonde, mais mes goûts en matière d’hygiène avaient quelque peu changé ces derniers temps, si je ne parvins pas à me décider à m’allonger dans le li ou le canapé du salon, je ne pris pas la peine non plus de monter un autre étage pour trouver mieux et finir par m’endormir dans la baignoire, le furet encore assommé posé sur mon ventre.
Je me réveillais avec un bip caractéristique de réveil dans les oreilles, puis je sentis une sensation désagréable de mouillé. Pendant une seconde je pensais m’être urinée dessus sans comprendre comment cela pouvait être possible, mais les yeux bien ouvert je vis que je reposais dans une bonne quarantaine de centimètres d’eau qui s’écoulait lentement en un mince filet du robinet d’eau chaude et que je bouchais l’évacuation avec le talon de mon pied. Le moment d’étonnement passé, c’est en sentant un poids inhabituel sur ma tête que je me souvins du furet et compris qu’il était responsable de la situation. En attendant il se tenait en équilibre dans mes cheveux en poussant des petits cris paniqués pour une raison que j’ignorais, peut être par peur de l’eau ou peut être de celle de la hauteur…
J’eu toute les peines du monde à le séparer de ma chevelure dans laquelle il s’était largement emmêlé, une fois posé au sol il couru directement dans le pied d’une étagère et s’assomma à nouveau.
C’est lorsque je m’entendis rire, là, allongée toute habillée dans l’eau de la baignoire, que je su que j’allais adopter la petite créature malgré ma décision de ne pas être un substitut de la SPA. Qu’elle n’allait me servir à rien d’utile, qu’il n’était pas question de réussir à lui apprendre quoi que ce soit, mais je l’allais quand même m’y attacher.
Ainsi Gitz, du nom d’un paquet de gâteaux hollandais qu’il affectionnait particulièrement, me suivait comme un toutou fidèle dans toutes mes excursions. Il restait avec moi, blotti et à moitié somnolent dans un sac que je portais en bandouillère. Si au départ il avait tenté d’en sortir il s’était bien vite rendu compte qu’un grand nombre de chiens occupaient les rues et qu’il valait mieux rester caché. Un aboiement suffit pour qu’il ne sorte plus la tête du sac en dehors de la protection des murs des bâtisses.
Mon sac à dos devenait de plus en plus lourd, si bien qu’à la fin de la journée, le simple fait d’avoir marché un peu avec me mettait dans un état de fatigue incroyable. Je pensais évidemment à un autre moyen de locomotion.
La voiture était exclue, non seulement je ne savais pas conduire et même si je ne doutais pas de pouvoir apprendre sur le tas, surtout que je pouvais envoyer pas mal d’automobiles dans un poteau sans me sentir coupable, leur grand nombre, abandonnées et offertes au milieu de la ville me faisant cadeau d’un grand choix, il fallait bien se rendre compte que les rue étaient impraticables.
Il y avait des déchets partout, les gens avaient balancé plein de choses depuis leurs fenêtres, des voitures barraient les passages cloutées, il n’y avait jamais la largeur suffisante pour faire passer une voiture et faire plus de dix mètres.
Il fallait donc que je trouve un deux roues, et même si la moto était tout indiquée pour l’héroïne que je voulais être, le scooter s’avéra plus facile à conduire. Après avoir trouvé un engin laissé à l’abandon avec ses clefs sur le compteur, je bricolais à l’aide d’un caddie de grande surface, une petite remorque attachée à l’arrière. J’y mis plusieurs barils d’essence et mon sac et je pus enfin parcourir la ville un peu plus rapidement.
Le caddie avait un avantage certain, il fait déjà énormément de bruit lorsqu’il est poussé dans les allées carrelées d’un hypermarché, lancé à quarante kilomètres heure il fait un ramdam de tous les diables et il terrifiait les chiens qui décampaient lorsque j’arrivais. Cela me laissait le temps de prendre mon sac et de m’engouffrer dans l’entrée d’un immeuble sans rencontrer le moindre problème.
Puis un soir, alors que je serrais dans mes bras une peluche qui avait appartenu à quelqu’un d’autre et que je tentais de m’endormir sans réussir à trouver le sommeil, je me sentis soudainement vraiment seule.
Alors violement remplie d’un énorme vide, je posais mes fesses sur le lit. Ces derniers temps j’avais toujours eu quelque chose à faire, rien de bien transcendant, souvent des futilités mais cette fois aucune occupation ne me vint à l’esprit pour le lendemain. Il y avait bien entendu de très nombreuses choses à faire, je pouvais aller jouer un peu au billard ou au bowling, chercher pour voir s’il y avait une connexion internet dans l’immeuble, aller chercher des livres, des dvd, une console de jeux, rendre les rues moins tristes, continuer à fouiller les maisons pour trouver les secrets sordides des gens qui y vivaient… Mais j’avais fait le tour de beaucoup de chose déjà et une question me frappa de plein fouet : Et après ?
Assise dans mon lit, en pleine insomnie avec un rab de temps à tuer plutôt qu’à dormir, j’ignorais un peu quoi faire. Je ne pus m’en empêcher et me mis à réfléchir. Penser s’avéra vraiment désagréable.
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